Plaintes d'une femme Déçue

L'hommage de leurs vers qu'à l'envi les poètes

À la femme déçue offrent toujours ardent

Flatte certes le but, mais n'apaise la quête

L'attente a des plaisirs qu'on ne fait qu'un moment

 

Aussi, jouet des vents qui I'hiver me rudoient,

Sur des talus où vont se fanant mes appas,

En un dense réduit où je n'ai point de joie,

Veux-je conter ce don que Thyrsis bafoua.

 

Las! Le pâle Thyrsis avait la mine austère

Le sentant sur le banc près d'eue un peu tarder

L' amante bien des fois lui fit en vain la guerre

Ferme et froid cependant, jamais il ne doutait.

 

Pour voir se dénouer ce vœu, que de tendresse !

Que, docile à sa voix et promise à son lit,

J'eusse aimé dans ses bras m' adonner à l'ivresse !

Mais, le vin que j'offrais jamais ne le conquit.

 

Ses doigts pouvaient jouer aux fous entre mes tresses,

D'un vent hardi parfois copiant les effets:

Il fallait à mon but, d'autres riens, des caresses

Moins lourdes dont mon goût se fût mieux satisfait.